(Québec) Faire la part du feu, dit l'adage. En d'autres mots, faire la paix avec son passé pour mieux vivre le présent. C'est un peu ça, au fond, la démarche du Vent du nord. La recherche d'un équilibre entre le devoir de respect au patrimoine et la nécessaire ouverture à la réalité d'aujourd'hui.
«La musique traditionnelle est en perpétuel mouvement, rappellent en choeur les quatre gars réunis pour l'entrevue autour d'une petite table de restaurant. Il ne faut pas la figer dans le passé mais la garder jeune et vivante. On est en 2009 et ce qui est intéressant au Québec, c'est que beaucoup de groupes apportent leur propre couleur. On espère que Le vent du nord a la sienne.»
Avec La part du feu, son quatrième album réalisé en studio, le quatuor enrichit son répertoire de 13 titres, heureux mélange de pièces traditionnelles remontées à la surface du temps et de compositions nouvelles s'inscrivant dans le courant de la modernité.
Lanlaire, une chanson à répondre du milieu du XIXe siècle, donne le ton. À partir d'une instrumentation type (guitare sèche, bombarde, violon, vielle à roue, basse et podorythmie), on construit une rythmique irrégulière qui tranche avec la coutume.
1837, une compo de Nicolas Boulerice inspirée du soulèvement des patriotes, permet ensuite de découvrir le côté plus pop de la formation et, du coup, de s'interroger sur les convictions qui l'animent. «On n'avait pas le goût de se censurer, admet l'auteur de la chanson. Cela dit, je ne crois pas qu'on soit un groupe politique, mais on est certainement politisés. On est très à l'aise avec ça. On en parle tout le temps.»
Comme Le vent du nord se produit le plus souvent, et de loin, hors Québec, ce genre de pièce lui permet d'effectuer un travail de sensibilisation auprès du public. «On donne à peu près 100 spectacles par année à l'extérieur, indique Simon Beaudry. C'est une bonne occasion pour nous d'expliquer l'histoire des patriotes.»
Montcalm, une pièce authentique écrite au lendemain de la victoire héroïque du général français à Carillon en 1758, interprétée ici avec des cuivres sur un rythme de swing, montre jusqu'où peut aller le processus d'actualisation.
«On en a joué, du traditionnel. Alors j'ai pas du tout l'impression de commettre un sacrilège», insiste le chanteur et guitariste Olivier Demers, à qui l'on doit un reel plein de chaleur intitulé Le coeur en trois. «Comme je fais ma part pour perpétuer de vieux morceaux, je peux me permettre d'en composer de nouveaux.»
Le quatuor réunissant Réjean Brunet, Olivier Demers, Simon Beaudry et Nicolas Boulerice bouge beaucoup. Sa réputation est bien établie à l'étranger, mieux qu'au Québec peut-être, notamment en Nouvelle-Angeterre et en Europe, dans les pays qui possèdent des racines celtiques. En transposant La part du feu à la scène avec la collaboration de Michel Faubert dès l'hiver prochain, le groupe s'adressera d'une façon plus directe au public québécois.
Entre-temps, Le vent du nord partagera la scène du Grand Théâtre avec l'OSQ, les 10 et 11 décembre à 20h, à l'occasion d'une aventure symphonique inédite. L'idée a été expérimentée en formule réduite à Portland, dans le Maine, en 2007. Les gars savaient plus ou moins à quoi s'attendre, mais les quatre pièces arrangées par Tom Myron ont toutefois fait fureur, disent-ils. La réaction a été si positive qu'on a décidé de la reprendre en la développant et en l'amplifiant. À Québec, ce sera donc une première.
Apparemment, l'événement est attendu. Des fans de la côte Est des États-Unis et d'un peu partout au Québec vont faire le voyage expressément. Les gars promettent une soirée bien ficelée. Leur prestation couvrira tout le répertoire du Vent du nord.
11/18/09 >> 
