Comme tous les ans à la même époque, New York vit pendant quelques jours au rythme effréné des festivals de danse, de théâtre et de musique. Particularité cette année: la ville fête le 10e anniversaire de GlobalFEST, son festival de musique du monde, créé en 2003 pour sortir les États-Unis de l'isolationnisme dans lequel ils s'étaient enfermés après les attentats du 11 septembre 2001.

Une décennie plus tard, le festival est devenu un passage obligé pour les artistes qui rêvent de conquérir les États-Unis et son énorme marché musical. «C'est une véritable institution, nous y avons lancé des tas d'artistes français. L'an dernier, nous leur avons fait découvrir le Chinois Wang Li, qui vit en France», raconte Emmanuel Morlet, qui a travaillé à la mise en place de cet événement, toujours soutenu aujourd'hui par l'ambassade de France.

GlobalFEST réunira dimanche dans les trois salles du Webster Hall douze groupes venus du monde entier, parmi lesquels les Français Lo'Jo, Stéphane Wrembel et Christine Salem de la Réunion. «Venez en baskets et préparez-vous à danser toute la soirée, ça dégage», conseille Bill Braggin, le directeur de la programmation musicale du prestigieux Lincoln Center, fondateur avec deux autres partenaires de GlobalFEST, à une époque où les États-Unis connaissaient à peine la «world music». «Le genre était marginal ici par rapport à l'Europe, ce n'était pas viable commercialement. Nous avons lentement initié les plus conservateurs et ça a marché, se réjouit-il, certains de nos artistes ont ensuite été invités à Carnegie Hall et au Hollywood Bowl (18.000 places).» Développer des liens avec la France, Mecque de la musique du monde

Les progrès technologiques et la possibilité d'écouter aujourd'hui de la musique sur Internet ont aussi révélé un monde artistique inconnu au public et aux artistes américains. Pour le dixième anniversaire de GlobalFEST, ses organisateurs ont invité des artistes connus et appréciés du public américain, comme le duo irano-turc Kayhan Kahlor (violon) et Erdal Erzincam (luth) et le groupe Latino La Santa Cecilia, nominé pour un Emmy.

Christine Salem fait partie des nouveaux venus. «J'ai hâte de faire découvrir le maloya aux Américains, une musique interdite chez nous jusqu'en 1981», confie-t-elle. Ses projets: «tourner aux États-Unis et aller à la conquête du monde musical». Outre la sortie de son nouvel album, Salem, et une tournée en France en mars, en Europe et au Canada, elle sera justement de retour aux États-Unis en septembre 2013. Toujours pionnier, le festival présentera aussi dimanche A Tribe Called Red, des Canadiens qui marient la musique house urbaine et le pow wow aborigène, ou encore Mucca Pazza, un groupe de brass band revisité, genre en vogue aux États-Unis.

Pour les organisateurs, l'objectif est aujourd'hui de faire tourner les artistes à travers tout le pays, pas seulement dans les grandes villes. Le festival a lieu au même moment que l'APAPP, un «marché» aux talents qui réunit tous les ans à New York plus de 4000 professionnels des spectacles vivants. Autre mission: développer les liens avec la France, la Mecque de la musique du Monde. GlobalFEST a déjà présenté neuf groupes américains au festival d'Ile-de-France en septembre dernier.