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Sample Track 1:
" Fue a de lou" from La Violette
Sample Track 2:
"La Violette" from La Violette
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La musique en guise de mémoire
Caroline Montpetit

«Il y a des chansons en français qui n'ont été préservées qu'ici, au Vermont»

Je n'ai pas de pays, alors je chante. Mes chansons sont mon pays», dit, avec du regret dans la voix, la chanteuse franco-américaine Michèle Choinière, de Saint Albans, au Vermont.

Michèle Choinière écrit des chansons et chante des airs traditionnels en français. Sur son dernier disque, La Violette, elle reprend à sa façon des chansons traditionnelles, comme Sur le pont de Londres ou Tant mon mari.

«Il y a des chansons en français qui n'ont été préservées qu'ici, au Vermont», dit-elle. La Franco-Américaine Martha Pellerin, décédée aujourd'hui, a monté une collection de centaines de chansons franco-américaines, encore disponible sur Internet. Ce répertoire lui vient notamment d'Alberta Gagné, Franco-Américaine de Highgate, à la frontière du Vermont et du Québec, qui avait mémorisé et qui chantait des dizaines de chansons en français.

Michèle Choinière aime revisiter les chansons traditionnelles pour les refaire à sa main, dit-elle. En introduction à sa chanson Caconne-La guenille, qu'elle chante sur son album Coeur fragile, elle écrit: «Cette chanson affirme mon identité, ma culture franco-américaine. Je ne suis pas française, et je ne suis pas québécoise. Et ce n'est pas grave; je ne serai jamais "pure laine"... peu importe, je vais continuer à planter mes patates franco-américaines.»

Enfant, Michèle Choinière a fréquenté l'école de la paroisse franco-catholique de Holy Angels avant que celle-ci ferme; elle a ensuite dû prendre le chemin de l'école publique entièrement anglophone.

«Alors, ç'a été l'horreur, dit-elle. J'avais un accent français et je ne m'habillais pas comme tout le monde. J'étais très timide.»

En fait, Michèle a complètement perdu l'usage du français à partir de l'adolescence, pour le retrouver des années plus tard, lorsqu'elle a décidé de poursuivre des études en français, entre autres en Europe.

Le violoneux Louis Beaudoin, aujourd'hui décédé, est quant à lui connu à travers le Vermont pour avoir endiablé les airs québécois préservés dans sa famille à travers des générations de Franco-Américains, provenant originellement de Sainte-Émélie-de-l'Énergie, dans la région de Lanaudière, au Québec.

Père de cinq filles qui ont suivi ses traces en reprenant son répertoire traditionnel, Louis Beaudoin a même été invité à jouer, avec deux de ses filles, l'une au piano et l'autre dansant, à l'intronisation du président Jimmy Carter!

«Mon père insistait pour qu'on parle français à la maison», raconte Carmen Bombardier, sa fille, qui vit toujours à Burlington, tout près du quartier Lakeside, où ses parents se sont rencontrés et où vivait une importante communauté francophone travaillant à l'usine de coton voisine.

Puis, les parents Beaudoin sont morts, et avec eux de nombreux oncles et tantes qui avaient préservé l'usage du français au Vermont.

S'ils font de la musique traditionnelle, jouent du violon et chantent même de nombreuses chansons en français, les descendants des Beaudoin ont largement perdu l'usage de la langue. Ce qui ne les a pas empêchés de produire le disque The Beaudoin Legacy, où ils chantent et jouent des airs comme Victoria, ou le Gaspé reel.

«Ma fille chante des chansons en français, mais elle ne comprend plus les paroles. [...] J'aurais dû insister pour parler avec eux en français, mais à un moment donné, c'était difficile, ils ne comprenaient pas et j'ai abandonné», dit Carmen Bombardier, qui a préféré donner l'entrevue en anglais.

Sous la pression du melting pot américain, la mère de Michèle Choinière a abandonné la nationalité canadienne dans sa jeunesse, même si elle se dit encore canadienne aujourd'hui.

«C'est dommage», dit Michèle Choinière, qui souhaiterait aujourd'hui retourner vivre au Québec. Car pour certains Franco-Américains, la situation est en effet inverse à celle qui a fait migrer leurs ancêtres québécois vers le Sud, il y a des décennies.

«J'aurais de nombreuses raisons de vouloir aller vivre au Québec, dit Michèle Choinière, dont les grands-parents paternels et maternels étaient originaires respectivement de Notre-Dame-de-Stanbridge et de Saint-Rémi. Entre autres à cause de la situation économique et de la disponibilité des soins de santé.» 07/23/11 >> go there
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